Une allergie alimentaire est avant tout une réaction d’hypersensibilité à un aliment, qui tendra à s’améliorer avec le temps chez le jeune enfant. Si 6 à 7 % seulement des enfants présentent des allergies alimentaires, pas de panique : seulement 1 % de ceux-ci auront une réaction forte et immédiate. A savoir que l’hérédité joue, si l’enfant a des parents ou frères et soeurs à terrain allergique, que ce soit digestif, cutané, ou respiratoire, celui-ci présente plus de risque d’en avoir un aussi. Mais comment identifier les allergies chez bébé et les soigner, voire les guérir ?
Dès la grossesse, votre enfant est exposé aux aliments que vous ingérez et acquiert ses première tolérances alimentaires. Il reçoit pendant la vie intra-utérine et par voie sanguine une toute petite partie des protéines assimilées par vous. Par la suite, si vous allaitez et pendant toute la durée de votre allaitement votre enfant continuera à développer cette tolérance de par la nourriture que vous avalez. Pour autant, le risque d’allergie peut arriver dès le premier mois de vie du bébé. Ce dernier peut réagir malgré tout aux différents aliments qui passent dans le lait maternel ou aux composants des préparations commerciales pour nourrissons. Ce risque peut aussi apparaître plus tard, lors de la diversification alimentaire, d’où l’intérêt d’introduire progressivement les aliments avec discernement, comme nous vous expliquions dans nos 6 idées reçues sur la diversification alimentaire du bébé.
Quels sont les symptômes d’une allergie alimentaire ?
Deux sortes d’allergies alimentaires
Contrairement aux idées reçues, sachez qu’il existe non pas une mais deux sortes d’allergies alimentaires :
- Les allergies alimentaires à réaction immédiate qui sont les allergies IgE1 dépendantes. Elles déclenchent une réaction inflammatoire avec la production d’anticorps qui sont les immunoglobulines E ( IgE). Ce sont des formes rares qui apparaissent plutôt après 3 ans
- Les allergies à réactions retardées, les allergies non IgE dépendantes. Elles sont plus fréquentes chez le nourrisson, souvent liés aux protéines de lait, d’œufs, d’arachide. Elles se manifestent de façon digestive et dans 20 % des cas par de l’eczéma chez le bébé. Mais d’autres symptômes peuvent survenir !
Des symptômes très variés
Les symptômes et réactions chez le bébé allergique sont très nombreux ! Il peut y avoir le plus souvent :
- De la diarrhée,
- Un choc anaphylactique,
- De l’eczéma,
- Des vomissements,
- Un œdème de Quincke,
- De l’asthme,
- Du sang dans les selles
- Et des œdèmes
Cependant, il existe de nombreux symptômes autres qui sont moins évidents à repérer :
- Des maux de ventre,
- Des infections ORL fréquentes,
- Des troubles du sommeil,
- Des carences,
- Des tensions,
- Un fort besoin de téter,
- Des coliques,
- De la toux,
- Du reflux,
- Des cris,
- Des troubles de l’oralité,
- Une transpiration excessive…
Cette pluralité des symptômes est telles, que parfois, l’allergie alimentaire n’est pas immédiatement détectée et confondue avec le reflux gastro-oesophagien. fréquent chez le nourrisson ou d’autres infections plus courantes.
Comment détecter une allergie chez bébé ?
Tout dépend du type d’allergie : s’il s’agit d’une allergie IgE1 dépendante, l’allergologue pédiatrique pourra réaliser des prick tests : il s’agit de tests instantanés que l’on fait sur le bras de l’enfant en mettant une goutte de l’allergène et en piquant le bras en observant la réaction de la peau (changement de couleur ou d’aspect). D’une durée d’environ 10 minutes, ce test est indolore, sans risques et fréquemment pratiqué sur les bébés. On peut aussi pratiquer un dosage sanguin des IgE avec une prise de sang.
Dans le cas d’une allergie IgE non dépendante, on pratique des tests épicutané ou patchs tests. Souvent posés dans le dos, on les laisser poser 48 heures avant de les retirer. Ensuite, on photographie la zone testée plusieurs fois à certaines heures d’intervalle pour observer les réactions de la peau, qui peut varier d’un érythème à des vésicules. Cette technique est très fiable car l’allergène reste en contact 48 heures sur la peau du dos, ce qui laisse à cette dernière le temps de réagir ou non.
Dans la foulée, un diagnostic de certitude est effectué, d’abord par l’éviction de l’allergène, ensuite par provocation orale, c’est à dire que l’on va réintroduire en infime quantité l’aliment ou l’allergène concerné sous surveillance. On va alors vérifier la réaction de l’enfant.
Quels sont les aliments allergènes pour bébé ?
Tous les aliments sont possiblement allergènes pour bébé, mais le plus souvent on retrouve les protéines de lait de vache, le soja, le gluten, les œufs, les fruits à coque, l’arachide, le poisson, les fruits de mer,l’histamine,… Il est donc conseillé, lorsque l’on introduit un aliment, de le proposer isolément, et toujours cuit tout d’abord, puisque la cuisson diminue le potentiel allergène des aliments. Le proposer seul vous permettra aussi d’identifier facilement la cause de la réaction alimentaire.
De même certaines allergies ont des évolutions favorables, et finissent par disparaître vers trois/quatre ans : c’est le cas des allergies aux APLV (protéine de lait de vache), à l’oeuf, le soja, le blé. Par contre d’autres allergies comme celles au poisson, l’arachide ou les fruits à coque peuvent s’installer plus durablement.
Qu’est ce que l’allergie aux protéines de lait de vache (PLV) ?
Les enfants sont fréquemment allergiques aux protéines de lait de vache, celui-ci contenant plus de 30 protéines. Ce dernier étant normalement destiné aux veaux, il est difficile à digérer pour l’organisme humain. Cette forme d’allergie alimentaire touche surtout les nourrissons et les enfants de moins de trois ans. Elle disparait dans 80 % des cas lorsque l’enfant grandit. Un simple test sanguin pour mesurer les IgE peut permettre au médecin de vous dire si l’allergie perdurera dans le temps, si le nombre de ces anticorps est très élevé.
Heureusement, il est facile de remplacer les PLV. On peut très bien remplacer les préparations commerciales pour nourrissons (dites PCN) au lait de vache par des alternatives végétales disponibles en pharmacie. Attention cependant à ne pas remplacer les PCN par des boissons végétales non destinées aux nourrissons, cela peut-être être même mortel car pas adapté à leurs besoins.
De plus en plus de produits sont disponibles dans les magasins spécifiquement pour les personnes allergiques. Neocate spoon, par exemple est une bonne alternative et des recettes sont disponibles en ligne afin de régaler toute la famille avec des crêpes et autres gourmandises sans protéines de lait de vache.
Comment traiter les allergies de votre enfant ?
Dès les symptômes allergiques, un antihistamique et des corticoïdes prescrits par le médecin peuvent soulager votre enfant. Souvent il vous faudra avoir sous la main une trousse de secours pour pouvoir lui prodiguer des soins et éviter un choc anaphylactique.
L’éviction des aliments, une solution inévitable dans la plupart des cas
Si allergie révérée, on ne donne plus l’allergène à l’enfant. Cela suppose aussi une surveillance constante, notamment pour les produits industriels. Sur leurs étiquettes, les 13 allergènes les plus fréquents se doivent d’y figurer. Un suivi par un médecin est évidemment nécessaire, pour éviter notamment que bébé développe des carences.
L’induction de tolérance alimentaire orale, ou ITO
On la présente parfois comme l’immunité orale, et est largement pratiquée par les allergologues. Il s’agit d’une forme de désensibilisation de l’enfant envers l’allergène, un process dit d’escalade, où l’enfant est de plus en plus mis en présence de cet allergène, jusqu’à atteindre un seuil de tolérance, qu’il faudra entretenir.
Tout ceci suit un process bien défini : l’enfant est hospitalisé en hôpital de jour pour être sous surveillance, et on lui introduit quelques milligrammes de l’allergène. Le tout est scrupuleusement suivi par l’équipe médicale. Si le test est réussi, après une pause d’environ trois mois pour laisser à l’organisme le temps de récupérer, on donne à l’enfant quelques doses d’allergène selon un protocole scrupuleusement établi, étalées dans le temps. Le tout jusqu’à arriver à un seuil de sécurité pour maintenir la tolérance, variable selon les aliments. Cette tolérance n’est pas définitive, il faudra l’entretenir.
Pourquoi envisager une ITO pour mon enfant ?
Tout simplement pour limiter les risques de choc anaphylactique, qui arrivent parfois malgré le fait que les parents soient très prudents ( enfant qui échappe à votre surveillance, aliment mal étiqueté, traces de résidu alimentaire de l’allergène).
De plus, ce process permet d’améliorer la qualité de vie pour toute la famille, et de limiter, stress, psychose et anxiété. Se promener en permanence avec une trousse de secours, ou devoir en préparer une pour la crèche est très anxiogène. Et même si certains parents restent réticent à l’idée que leur enfant souffrira un peu lors de la réintroduction de l’allergène, ils savent aussi qu’ils ne faut pas trop retarder l’acquisition de cette tolérance, sachant que des carences peuvent aussi être développées chez leur enfant en l’absence de certains aliments.
C’est aussi un prix à payer pour pouvoir vivre mieux en collectivité, et tout autant une baisse de la charge mentale, car il est compliqué d’être perpétuellement en alerte pour protéger bébé.
Dans tous les cas, n’oubliez pas que bien des allergies disparaissent après l’âge de 5 ans. Votre médecin ou allergologue vous accompagnera lors de ces phases délicates, car chaque traitement soit être strictement adapté à chaque enfant. Ainsi l’homéopathie même pour les bébés peut aussi soulager certains symptômes. N’hésitez pas à demander conseil à votre praticien !
A lire aussi :