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Travailler à la maison avec un bébé : une fausse bonne idée ?

Par Christel
Travailler à la maison avec un bébé : une fausse bonne idée ?

Que vous travaillez à votre compte enceinte ou que vous envisagez de le devenir après votre accouchement ou encore de négocier du télétravail… soyez prêtes à travailler encore plus aux côtés de votre bébé ! Même si aux yeux de beaucoup, vous donnerez l’impression d’en faire beaucoup moins (voire rien du tout). Le travail à domicile avec un bébé offre bien des avantages, mais gérer dossiers et bébé dans une même journée, c’est un travail d’équilibriste oh combien difficile…et périlleux. Une réflexion à prendre très au sérieux. On vous explique, avec témoignage de notre fondatrice Christel à l’appui.

La bonne idée

Ce qui vous motive évidemment, c’est que bébé reste avec vous et ne soit pas confié à une tierce personne alors qu’il est si petit. Ne pas rompre ce lien, continuer à être à ses côtés, l’allaiter à la demande peut-être, et le voir chaque jour évoluer. Profitez ensemble.

Tout ceci semble rendu possible par la flexibilité offerte par votre situation professionnelle : allumer l’ordinateur quand vous voulez, organiser vos rendez-vous et vos appels clés en fonction du rythme de bébé, travailler efficacement sans être « dérangée » par les moult pauses et échanges avec des collègues de travail, ni perdre de temps dans les transports et les réunionites. Vous êtes la boss !

Mon expérience : avant d’avoir ma première fille, j’étais effectivement à mon compte en tant que profession libérale. N’ayant trouvé aucune solution de garde, j’ai décidé de continuer de travailler à la maison tout en m’occupant d’elle. Ma fille faisait souvent de grandes siestes pendant lesquelles je pouvais travailler sur tous les projets éditoriaux et elle me suivait dans tous mes rendez-vous en étant vraiment un ange. Il m’arrivait de faire appel à une baby-sitter quand j’avais des impératifs pro en journée, et je pouvais aussi compter sur la disponibilité de mon conjoint en soirée.
Je dois concéder que c’était plutôt facile et peu stressant pour moi. Nous avons fonctionné ainsi pendant 9 mois jusqu’à qu’elle rejoigne une garderie toutes les matinées de la semaine et soit gardée le reste du temps par une nounou. Au début, j’ai continué à travailler à la maison, mais très vite, ma fille n’a pas compris que maman ne pouvait plus être disponible pour elle. Et là, ce fut très difficile car la culpabilité m’a gagnée. Comment dire non à son enfant qui veut te faire un coucou dans la chambre puis jouer avec toi ? Comment rester efficace quand tu entends tous les petits bruits, même ton interlocuteur au téléphone ? Comment rompre ce lien ? Au bout de 4 mois, j’ai quitté la maison pour un espace de coworking. Il fallait que je sois à 100% dans mon travail quand je travaillais et à 100% avec elle quand j’étais à la maison.

Les mythes

Le regard qu’on porte à la working mum @home est souvent faussé. Combien vous diront être admiratif, envieux de votre situation alors qu’ils n’ont aucune idée du quotidien ? Et puis, il y a vous. Et votre bébé. Et votre job. Trois variables. Du coup, cela fait plein de combinaisons possibles, et c’est dans leur happening que les choses peuvent se corser, alors autant le savoir pour ne pas trop “idéaliser” ce nouveau set-up.

Vous ne travaillez pas. Et si en plus vous avez une activité que vous exposez sur les réseaux sociaux, vous passez votre temps en loisir et en détente. Vous avez vraiment la belle vie, se disent vos proches qui vous appellent à n’importe quelle heure de la journée, parce que vous êtes free (lance). En fait, cette vie, comme toute vie pro et perso, nécessite de l’organisation, de la rigueur et un brin de réflexion quand même (lol). Non seulement vous travaillez, mais avez une double-activité, donc non, vous n’êtes pas free du tout ! Vous devenez shiva, car bien évidemment s’occuper de bébé à la maison, c’est aussi indéniablement préparer et donner à manger, ranger, nettoyer. Et puis gérer les vomito, les diarrhées, la fièvre, le linge sali quand les poussées dentaires ou les gastros s’invitent. Et si par malheur, vous la chopez aussi, et bien vous travaillerez quand même tiens ! Se mettre en arrêt de travail, c’est perdre une précieuse journée de boulot et vous ne pouvez pas vous le permettre car vous êtes seule à mener la barque (hormis si vous êtes salariée et en télétravail). Donc souvent, même malade, vous travaillez et ne prenez pas ou peu de pauses. A moins d’avoir de la famille pour vous venir en aide, ne serait-ce qu’en s’occupant de bébé, des repas, des courses, d’aller chercher le plus grand à l’école. Et là miracle : non seulement vous pouvez vous octroyer un temps de rémission, mais vos proches comprennent aussi que vous bossez vraiment. En conclusion, n’hésitez pas à solliciter et anticiper de l’aide “last minute” en cas de pépin.

Vous travaillez moins. Une chose est certaine : la priorité reste bébé dans la journée. Vous ne pourrez jamais faire l’impasse sur un repas, un dodo, sa sécurité, bref sur ses besoins et son état de santé. Le travail peut attendre, bien évidemment, et souvent sera reporté…à plus tard. De ce fait, vous ne comptez pas les heures passées en soirée et le week-end pour « rattraper » ce temps qui vous manqué. Alors que comme tout le monde, vous les avez faites ces 8h de travail par jour, mais souvent à gérer les impératifs et les imprévus liés à bébé…ou encore à votre maisonnée. Comme le dégât des eaux, la livraison de la nouvelle télé…c’est quand même bien pratique que vous soyez à la maison! Ainsi, le soir se confond avec le jour, aucun temps mort, à peine le diner avec votre amoureux et tandis qu’il se repose de sa longue journée de travail, vous, vous vous remettez à bosser. Puis bébé grandissant et demandant plus d’attention en journée, vous travaillez de nombreuses soirées. Votre vie sociale et amoureuse peut en pâtir, votre santé aussi, alors ne tombez pas dans le piège !

Vous avez un cadre de vie plus inspirant. Vous gagnerez en efficacité en débutant votre journée aussitôt le petit-déjeuner pris et en évitant les heures de transport, les bousculades, les têtes dépitées de vos voisins de bus ou les klaxons, vous gagnerez en confort forcément et en positive attitude. Un bon petit thé vous accompagnera dans la lecture de vos mails, comme un fond sonore peut-être. Vous aurez créé un petit espace rien que pour vous dans votre chambre ou votre salon! Selon les budgets et les configurations, la réalité peut parfois un peu différente : un coin de table de la cuisine pour travailler, une chaise pas très moelleuse et ergonomique pour vous asseoir, les travaux dans la rue comme musique, les cent pas des enfants des voisins du dessus qui résonnent. Et même si vous adorez votre appartement et votre petit coin de travail, vous pouvez très clairement en avoir marre de tourner en rond dans le même espace de vie toute la journée. Vous aurez donc besoin de temps pour vous aérer et sortir dans la journée.

Vous êtes plus épanouie. Vous ne raterez aucune étape du développement de votre bébé et serez à ses petits soins. La question est : et qui sera aux petits soins de vous ? D’accord, vous avez peut-être fait le choix de quitter le monde de l’entreprise parce qu’il y avait clairement un manque de sens, de reconnaissance, de perspective et de confort. Mais vous pouviez toutefois vous reposer sur un certain cadre qui vous protège quand vous travaillez trop (des heures de compensation), qui vous récompense quand vous travaillez bien (une augmentation, une promotion, un petit apéro ou juste un bravo…), qui vous stimule (des formations…) et qui vous écoute et vous soutient (ah les collègues !!!!). Tout ceci, vous oubliez quand vous travaillez à la maison : toute la journée, vous êtes seule avec votre bébé, votre écran de téléphone et votre écran d’ordinateur. Bien sûr, vous pouvez tenter de rejoindre d’autres amis freelances dans des cafés ou espaces de coworking, ou prévoir un lunch en extérieur, mais que faire de bébé, si ce n’est rester totalement attentive à lui et ses besoins ?! Bref, vous êtes constamment tiraillée entre le besoin et l’envie d’être une bonne mère, et ceux de faire marcher votre business, qui est source également d’épanouissement et de stimulation. Et souvent, très souvent, vous vous trouvez plutôt moyenne dans l’accomplissement et la répartition du temps sur ces deux rôles, si ce n’est pas mauvaise. Satanée culpabilité !

Certaines mamans font le choix, souvent avec le soutien de leur conjoint et famille, de mettre partiellement entre parenthèse leur activité professionnelle, et revoir à la baisse leurs missions et leurs revenus. D’autres ne peuvent ou ne veulent pas faire autrement que travailler à plein temps, même avec un bébé à la maison. Chacune fait du mieux qu’elle peut, et une chose est certaine, l’équilibre reste fragile. La femme travaillant à son compte et gardant son enfant peut être confrontée à un cumul de difficultés inhérentes à sa situation professionnelle qu’elle porte à bout de bras, et sa situation personnelle. Et là l’édifice peut se fissurer. J’en suis le parfait exemple. Et c’est seulement maintenant, 6 ans après cette période peu évidente, que j’en parle avec vous.

Mon expérience : deux mois avant l’arrivée de mon 2ème enfant en novembre 2012, j’ai cessé de fréquenter l’espace de coworking car les transports me fatiguaient beaucoup. Ma situation personnelle (voir plus bas) m’aurait dans un cas de salariée certainement amenée à prendre mon congé maternité plus tôt. Cependant venant de signer un contrat inespéré, je devais vraiment travailler jusqu’au bout et reprendre rapidement le travail après l’arrivée de bébé.
1 mois avant de retourner travailler à la maison, ma vie personnelle et professionnelle a été marquée par des événements particulièrement éprouvants : je perdais ma maman, déménageais une semaine après son décès, organisais pas moins de 3 événements, faisais une phlébite et devais m’astreindre à un traitement quotidien jusqu’à mon accouchement, et encore après. Sans parler que le RSI venait frapper à ma porte et me réclamait 6000€ de régularisation. 6000€, c’était l’horreur. Or je savais que pendant mon maigre congé, mes indemnités n’allaient pas suffire à compenser mes charges mensuelles. J’ai passé, enceinte jusqu’aux dents, des heures à pleurer au téléphone puis au siège l’URSSAF et du RSI pour rectifier cette grossière erreur et m’enlever cette énorme épine du pied.
J’ai donné naissance à mon petit rayon de soleil, mais dans ma tête, il y avait toujours cette pression financière, cette nécessité de reprendre au plus vite le travail pour honorer les missions et anticiper la suite de l’année, car l’argent ne rentrait pas tout seul chaque mois. Autant vous dire que je n’ai pas eu de congé maternité, pas de récupération, aucun repos, aucune conscience tranquille… Comme pour ma fille, j’ai souhaité rester à la maison pour profiter de mon fils et travailler en parallèle. Ce fut peine perdue tellement le rythme du travail imposé était intense, et la cohabitation pas simple avec une nounou, ma fille et mon fils à la maison. Je ne savais plus où était ma place et je devais faire des choix. Alors je suis repartie travailler plus tôt que je ne l’ai fait pour ma 1ère, tout en gardant une matinée avec mon fils pendant 6 mois.

Sans cette fragilité liée à tous ces événements personnels, sans cette pression financière liée à mon statut et mon activité de profession libérale, j’aurais sans doute abordé non seulement le congé maternité mais aussi le travail à la maison en présence des enfants de manière tellement plus sereine. Je garde de cette période une vraie souffrance. La bonne nouvelle en cette année, c’est que grâce à Marlène Schiappa, qui a entendu et a été aux côtés de nombreuses mam-preneurs, le congé maternité des professions libérales devrait être prolongé de 38 jours de repos supplémentaires cette année. La durée minimale de ce congé passera désormais à 8 semaines et pourra s’étendre jusqu’à 16 semaines, durée identique à celle des salariées. Viendra aussi s’allonger la durée d’indemnisation passant de 74 jours pour l’année dernière à 112 jours maximum cette année. Le montant, lui restera inchangé. À l’heure actuelle, la réforme a été votée au Sénat mais n’a pas encore été décrétée. 

Bonne ou mauvaise idée, rien ne viendra ébranler votre conviction profonde de faire le bon choix à un instant T, et c’est votre instinct qui doit primer. Quoi de pire que de regretter de ne pas sauter le pas et tenter l’expérience du travail à la maison avec bébé ? Et à contrario pourquoi s’acharner à vouloir maintenir votre présence à la maison si le temps passé avec votre enfant n’est pas qualitatif, pire, épanouissant ? Discutez-en avec votre entourage et prenez les conseils de mamans ayant vécu la même expérience. Nous reviendrons dans un autre article sur les astuces pour rendre ce double-travail à domicile le plus facile et épanouissant possible. N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience !

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